Extraits des dialogues du film REMONTONS LES CHAMPS ELYSÉES


(...)
Et dès le lendemain, deux envoyés du roi mettent la main sur elle...
Amenée à Versailles, en grand secret, Flora la pythonisse (Jacqueline Delubac)... est conduite à Sa Majesté...
... et elle doit en tremblant formuler de nouveau ses prédictions concernant la mort de Chauvelin.
Que voit-elle exactement dans leurs deux mains ?
Elle voit... elle voit...
Ah ! Qu'elle ne mente pas, surtout !
Eh bien ! elle voit qu'ils mourront dans la même année l'un et l'autre.
Soit ! Il veut bien mourir la même année que Chauvelin... mais quand Chauvelin mourra-t-il? Toute la question est là !
Ah... cela, elle ne peut pas le dire...
... parce que, d'abord, elle l'ignore. Et puis, enfin, elle n'est pas bête - elle sait très bien qu'on ne dit pas certaines choses.
Bon. Mais sait-elle au moins lequel des deux mourra le premier ?
- Oui... Chauvelin !
Elle l'a dit sans hésiter - comme on prend une décision.
Ah !
Décidément, elle n'est pas bête !
Voilà qui fait plaisir au roi. Donc Chauvelin mourra d'abord - ouf ! bonne nouvelle ! Oui, mais, pardon... pardon...
... pendant combien de temps le roi vivra-t-il après la mort de Chauvelin ?
- Heu... pendant six mois.
Elle coupait la poire en deux.
- Eh bien, mon Dieu, c'est déjà cela.
En attendant, elle a de bien beaux yeux cette jeune sorcière...
Et le roi l'interroge :
- Que faites-vous ce soir ?
Dans son trouble, elle répond la seule chose qu'elle ne devrait pas dire :
- Je ne sais pas, Sire !
Pour une liseuse de pensée, comme c'est mauvais signe ! Voyons, voyons, Voyante... puisque tu sais si bien déchiffrer l'avenir des autres, que tu n'examines-tu pas ta propre main... Regarde ! Peut-être y verras-tu de quelle manière va se passer ta nuit prochaine !
Oh ! Ce n'est pas à croire : elle voit dans sa main...
Que sa prochaine nuit, selon toute apparence,
Elle doit la passer avec le roi de France !
Est-ce bien dans sa main d'ailleurs, qu'elle l'a vu ? Et la chose n'est-elle pas bien plus lisible encore sur le visage de Louis XV ?
(...)

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(...)
Souvent, je pense à ces deux hommes : à Bonaparte et à Napoléon - car, pour moi, ce sont bien deux hommes...
Et je me plais à imaginer leur rencontre et leur surprise - et leurs propos...
Bonaparte. - Oh !...
Napoléon. - Ah ! Ça... mais... je ne me trompe pas !...
Bonaparte. - Tu ne te trompes pas !
Napoléon. - Comment... c'était moi, ce jeune homme !
Bonaparte. - Quoi... ce gros homme, alors, c'est moi ! Avoue qu'on a rarement vu deux êtres plus différents. Songe que nous n'avons même pas pu aimer la même femme. J'ai adoré Joséphine - tu l'as répudiée. Et je n'ai pas connu Marie-Louise. Je sais bien qu'avec l'âge, on change, on se transforme - mais, à ce point, c'est effarant !
Napoléon. - Ce général de vingt-huit ans...
Bonaparte. - ...devait donc finir caporal !
Napoléon. - Empereur !
Bonaparte. - Hum... tu ne l'est plus guère !
Napoléon. - Le lendemain de ma mort, je le serai pour toujours !
Bonaparte. - Ce sera grâce à l'Angleterre.
Napoléon. - On ne peut compter que sur ses ennemis.
Bonaparte. - Non, mais quand on pense à la peine que je me suis donnée pour me faire un nom - et que, aussitôt que j'y suis parvenu, tu n'as plus pensé qu'à te faire un prénom ! C'est inouï ! Tu as voulu être Napoléon.
Napoléon. - Ma plus grande faute n'est pas là - et j'aurais dû rester Napoléon tout court. Ce qui a tout gâté, c'est de m'être appelé Napoléon Ier. Je n'aurais pas dû prévoir la suite. Quand on fonde une dynastie, on ne doit pas le faire savoir...
Bonaparte. - Et d'ailleurs, on doit l'ignorer soi-même. A mon avis, la plus grande faute n'est pas là. Pourquoi n'es-tu pas resté républicain ?
Napoléon. - Parce que tu n'étais pas sincère. Le véritable empereur de nous deux, c'était toi ! Oui, puisque pour désigner encore à l'heure actuelle nos partisans, on les appelle des «Bonapartistes» - et jamais des Napoléoniens !... Si c'était à refaire, recommencerais-tu ?
Bonaparte. - Oh ! pas pour un empire !
(...)